rouiller [1]
- 1Produire de la rouille sur un corps. L'humidité rouille le fer.
Fig.
Sur nos fers qu'il rouille Le temps écrit l'âge d'un vin si doux
. [Béranger, Escl. gaul.] - 2Produire sur les végétaux la maladie dite rouille. Un temps humide et froid a rouillé nos blés.
On dirait qu'en ces jours où l'automne décline, Le soleil et la pluie ont rouillé la forêt
. [Hugo, Les orientales] - 3 Fig. En parlant des facultés de l'esprit, altérer, faute d'exercice. L'oisiveté rouille l'esprit.
Je trouvai mon ami Florbel attristé et moins aimable ; le commerce d'une femme sans usage du monde, sans instruction et dépourvue d'esprit, l'avait rouillé
. [Genlis, Parvenus, t. III, p. 237, dans POUGENS]Absolument.
Rien ne rouille promptement comme le vin, lorsqu'on s'y abandonne sans réserve
. [Genlis, Mères riv. t. II, p. 14, dans POUGENS] - 4Se rouiller, vpron Contracter de la rouille.
Le fer et l'airain, n'étant plus polis par les cyclopes, commençaient à se rouiller
. [Fénelon, Télémaque]Le fer.... attire l'humide de l'air, s'en pénètre et se rouille, c'est-à-dire se convertit en une espèce de terre sans liaison, sans cohérence
. [Buffon, Hist. min. introd. Oeuv. t. VII, p. 94]Par extension.
Quelle peine a-t-on d'arracher une aumône à cet homme, dont l'argent, soigneusement accumulé, se rouille presque dans ses coffres ?
[Fléchier, Sermons de morale]Fig.
Ces armes [des arguments] se rouillèrent quand on ne combattit plus
. [Voltaire, Le siècle de Louis XIV]Avec ellipse du pronom personnel.
[Mon bisaïeul] ....Laissant rouiller sa cuirasse, Joua noblement tous les jeux
. [Béranger, Enf. de b. maison.] - 5 Fig. Perdre son activité, sa force, oublier ce qu'on sait.
Oisif en ta maison se rouille ton courage
. [Régnier, Épîtres]Quoique Bondin [un médecin] aimât son métier, il s'y rouilla tout à fait, parce qu'il ne prenait plus la peine de voir ses malades
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Cette méthode [relire les bons livres] rafraîchit la mémoire, et empêche le goût de se rouiller
. [Voltaire, Correspondance]Mme du Deffant, 15 mars 1769 Dites moi si l'allemand [Voltaire écrit de Potsdam] a gâté mon français, et si je me suis rouillé comme Rousseau
. [Voltaire, Correspondance]Irais-je, accompagné d'une femme importune, Me rouiller dans ma terre et borner ma fortune ?
[Gresset, Le méchant]Lisons tant que nos yeux nous le permettront, et tâchons d'être au moins les égaux de nos enfants ; plutôt s'user que se rouiller
. [Diderot, Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur les moeurs et les écrits de Sénèque]Avec ellipse du pronom personnel.
Il n'est que trop commun de rencontrer dans le monde des personnes de trente ans qui ont laissé rouiller de beaux talents
. [Genlis, Emploi du temps, p. 29, dans POUGENS]
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